Seulement humains – Pascal Maitre

Paris-La Défense ·

07.07.18 → 11.10.18

Son père était un forgeron berrichon, son oncle un soldat américain. Le premier lui a donné le goût du travail bien fait, le second lui a offert un Rolleiflex 4×4. Au club photo du lycée, c’est le « déclic ». En 1977, alors qu’il étudie pour devenir psychologue au service du monde ouvrier, il fait sa première exposition à Châteauroux sur les « manouches » du coin. Paru deux ans plus tôt, le livre de Josef Koudelka, Gitans, la fin du voyage, l’avait subjugué, se souvient-il encore. Il n’avoue que deux autres maîtres : Henri Cartier-Bresson, pour son « art de la composition et de l’instant décisif », et William Albert Allard, pour « son génie de la couleur ».
Quarante ans et des centaines de reportages plus tard, sans parler de nombreuses expositions et de plusieurs livres et prix, Pascal Maitre continue d’arpenter la planète sans relâche. Pour la première fois de sa vie, pour l’Arche du photojournalisme, il fait un point sur sa longue carrière : 150 photos regroupées par zone géographique, dix au total, dont six consacrées à l’Afrique, son continent d’adoption. Qu’y a-t-il derrière cette boulimie de voyages et d’images ? « Faut bien vivre, non ! » Oui, le photojournalisme est un métier en crise et il faut multiplier les « coups ». Que cherche-t-il vraiment ? Les rushs d’adrénaline ? Il a couvert plusieurs conflits dans sa jeunesse (l’invasion soviétique de l’Afghanistan, la guérilla colombienne…), et ses pas le portent encore souvent dans des « zones sensibles » (Somalie et Mali dernièrement). Mais il ne se considère pas comme un « reporter de guerre ». Le goût de l’aventure, alors ? Indéniablement, partir à la découverte, c’est dans ses gènes. Pas de romantisme de baroudeur pour autant. Simplement le sens du « terrain ». Le soir, dans le pire des endroits, il trouvera toujours une bouteille d’eau saumâtre pour se débarbouiller, puis il enfilera une chemise bien repassée. C’est son rituel. Pascal a une femme et deux enfants.
Il faut l’avoir vu, le portable à l’oreille, faire réciter à son fils les tables de multiplication, les deux pieds dans la neige d’une campagne paumée de Carélie.
« Je me sens avant tout comme un storyteller », dit-il. Il pourrait se la jouer artiste, sa maîtrise de la lumière et son « œil » sont uniques, il peut théoriser pendant des heures sur les différentes nuances de rouge. Mais Pascal Maitre est avant tout un pédagogue, un « montreur d’histoires ». Ses images « parlent ». Expliquent. Bousculent. Donnent. L’Usage du monde, de l’écrivain voyageur suisse Nicolas Bouvier, l’a beaucoup marqué.
Ce qu’il veut, ce qu’il prend, c’est du temps. Un truc pas vraiment « tendance ». Il aime la lenteur intense des romans de Joseph Conrad, son autre grande référence littéraire.
Des convois de barges rouillées écrasées par la puissance du fleuve Congo aux femmes en noir de l’Iran des mollahs, d’un portrait de mineur peul au visage sculpté par la poussière d’un or qu’il ne touchera jamais à la solitude d’un bleu désespéré d’un joueur de billard d’une ville abandonnée du Honduras, pour arracher la vérité d’un moment, pour lui faire cracher sa beauté, fût-elle celle du Mal, pour faire d’un fait de société un universel de la condition humaine, il faut savoir laisser filer les heures. Savoir se laisser surprendre par le réel. Savoir se dé-prendre. C’est un art. Et un engagement. Au rugby, Pascal jouait troisième ligne aile. « Un poste où tu es libre et où tu ne lâches rien. »
(Maîtrisez-vous !)

Pierre Delannoy, journaliste

Crédits photos

© Pascal Maitre / Cosmos

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92800 Puteaux

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